Toutes les musiques sont pour moi une source d’inspiration pour progresser en improvisation, en harmonie et dans la connaissance du piano. J’aime notamment m’appuyer sur les œuvres des compositeurs classiques tels que Bach, Chopin, Debussy.
Depuis quelques semaines, j’aime beaucoup improviser sur des musiques de Schumann et j’avais envie de vous montrer le processus que j’utilise.
Comment aborder l’étude d’une œuvre et s’en inspirer pour improviser
Je travaille souvent de trois manières :
– j’analyse
– je conçois des exercices
– j’improvise.
la plupart du temps, ces trois approches se juxtaposent.
Je peux très rapidement être inspiré par un passage pour improviser, je peux revenir de nombreuses fois sur l’analyse et je continue toujours de trouver de nouveaux exercices en fonction de l’évolution de mon jeu et de mes besoins.
Cette façon d’aborder le piano fait partie intégrante de ma pédagogie, dès les premières séances. Peu importe le niveau, mes élèves (et moi aussi ) progressent beaucoup avec ce processus.
Analyser pour rendre plus concrète la théorie
L’analyse est une étape primordiale, car elle permet de faire du lien entre la théorie et la pratique.
Par exemple si vous venez d’étudier un certain type d’enchaînement d’accords, le fait de le découvrir dans une partition ou une improvisation va vous aider à l’assimiler. Cela va vous donner des pistes concrètes pour l’employer.
En effet, il n’est pas rare en improvisation de trouver une technique, et de ne pas arriver à s’en servir de façon satisfaisante.
Par exemple, vous venez d’apprendre à jouer avec la gamme blues, mais votre manière de la jouer, ne sonne pas comme sur les disques et vous vous sentez frustré.
Ça m’est souvent arrivé en analysant une improvisation de constater que les matériaux utilisés étaient en fait assez simples. Je suis vite parvenu à la conclusion que la différence entre un excellent improvisateur et un débutant, ce n’est pas le quoi, mais le comment.
Prenons un exemple gustatif : vous avez dans votre cuisine, du sucre, des œufs et des amandes. Quelle recette pourriez-vous improviser ? Serait-ce une recette passionnante, donnant un résultat incroyable ?
Ne vaudrait-il pas mieux d’avoir des ingrédients plus nobles, plus rares, comme de la truffe, du caviar ou bœuf wagyu ?
Non ! C’est même une erreur classique.
Un chef pâtissier sera capable avec ces ingrédients très basiques, de réaliser une pâtisserie délicieuse et pourtant très difficile : les macarons.
En improvisation ou en composition, c’est pareil. Pas besoin d’apprendre des gammes ou des accords complexes pour faire de la bonne musique.
Il faut surtout maitriser ses principes et avoir des idées pour les utiliser.
C’est pourquoi dans mon travail personnel et ma pédagogie, l’analyse est très présente. Elle permet souvent de comprendre toutes les « ficelles du métier » et d’apprécier le savoir-faire des artistes.
Ce savoir-faire, nous allons chercher à l’acquérir.
Jouer des exercices au piano est important, mais pas n’importe comment
Dans la pédagogie musicale, on discute souvent de la pertinence des exercices. C’est un sujet qui mériterait d’être développé. Ici, je vais juste vous proposer ma vision.
Les exercices sont utiles s’ils sollicitent notre cerveau en nous enseignant des chemins, différents, de nouvelles sonorités ou manières d’aborder le piano. Ils sont réussis, à condition d’être musicaux, de faire appel à la sensibilité, de donner du plaisir à l’oreille.
Or, on imagine souvent que l’apprentissage doit contenir beaucoup d’exercices nécessairement ennuyeux.
C’est une erreur. S’entrainer devrait être toujours amusant et stimulant.
C’est pour cela que construire des exercices à partir d’une œuvre qui nous plait, est une manière de prendre du plaisir à s’entrainer. De plus comme on s’inspire des maitres, les exercices sont très musicaux, agréables à écouter et inspirants.
Ainsi, on a plus de chance de vraiment les travailler et d’en tirer des bénéfices.
Définir des objectifs clairs
Les objectifs de ces exercices peuvent être de :
– mieux connaitre le piano
– progresser dans la relation oreille/instrument
– développer la virtuosité
– expérimenter de nouveaux modes de jeux.
Au début, je vous disais que l’analyse pouvait servir à faire le lien entre théorie et pratique. Une autre manière de faire cela est d’improviser.
L’improvisation au cœur de ma pédagogie
Il y a tellement d’avantages à pratiquer l’improvisation…
Le premier, c’est qu’improviser, permet de s’amuser rapidement sans passer des heures à apprendre les notes d’un morceau.
Par exemple, je peux prendre un concerto de Rachmaninoff (bien trop difficile pour moi), y trouver une suite d’accord qui m’inspire, et c’est parti pour jouer pendant 15’.
Ça fonctionne autant pour la musique classique, que le jazz ou la pop.
La plupart du temps, je ne cherche pas à improviser dans le style des compositeurs. Je garde mon propre style ou bien j’applique un style qui m’intéresse en m’appuyant sur l’œuvre étudiée.
Apprendre à jouer dans « le style de… » est super intéressant, mais est très contraignant. Ce n’est pas ce que je conseille au début.
Pour démarrer l’improvisation, j’invite à laisser arriver ce qui vient et à l’enrichir petit à petit, grâce notamment aux exercices individualisés.
Le grand intérêt de cette approche en 3 axes (analyse, exercice, improvisation)
Cette approche s’adapte à tous les niveaux.
Par exemple, si un élève vient me voir avec le projet d’apprendre un morceau trop dur pour lui, je sais qu’on va tout de même pouvoir partir de l’œuvre et jouer avec, et donc progresser en s’amusant.
Si le morceau est de son niveau, cette approche va booster son apprentissage et libérer son interprétation.
Si la pièce est très facile, nous allons en tirer les grands principes et créer de nouveaux matériaux à partir de l’œuvre.
Que des avantages donc…
Improviser sur Ich grolle nicht
Il y a quelques semaines, mes yeux (et surtout les oreilles) ont redécouvert la partition d’un très beau cycle pour piano voix de Schumann : les Dichterliebe.
Il compte 16 lieder composés sur les textes de Heinrich Heine. Ce sont des pièces magnifiques dont je vous conseille vivement l’écoute.
Au-delà du plaisir musical, ce sont des partitions très intéressantes pour l’harmonie et l’improvisation.
Une des raisons, c’est que le langage harmonique de Schumann est très proche de celui qu’on retrouve dans le jazz.
Par exemple, en relisant ces œuvres, j’ai constaté à quel point elles ont influencé le jeu de Brad Mehldau. Alors si Brad Mehldau se sert de Schumann pour ses improvisations, pourquoi se priver ?
Mon impro/cover d’Ich grolle nicht
Je me suis donc lancé dans l’étude de cette partition avec le projet d’improviser dessus en sélectionnant la neuvième pièce qui s’appelle Ich grolle nicht.
Je vous invite à écouter l’interprétation de Fischer Dieskau qui est une référence.
Ensuite, si ça vous dit, allez jeter une oreille à ma version.
Puis si vous voulez en savoir plus sur l’analyse de ce lied, apprendre quelques exercices organisés en trois niveaux de difficulté, allez visionner cette vidéo.
Et surtout, pensez, à mettre des commentaires sous les vidéos ou articles qui vous plaisent et à partager un maximum.
Article très intéressant qui m’aidera lorsque je me remettrai enfin au piano !
Merci, ne tarde pas trop 😉