L’impro piano vous fait rêver ?

Vous aimeriez improviser sans solfège ni théorie, juste vous faire plaisir, passer un moment avec votre piano et jouer, simplement, et bien très rapidement ?

On dirait la pub d’un mauvais prof de piano sur internet, non?

C’est pourtant ma promesse du jour. Mais je ne vais pas la tenir n’importe comment. 

En effet, j’en ai un peu marre de voir fleurir tous ces youtubeurs qui promettent d’apprendre le piano sans solfège et qui peinent à aligner 3 notes au clavier.

Je parle dans cet article de ce sujet du solfège, car c’est une notion vraiment incomprise et dont il est facile de se servir pour créer des arguments de ventes fallacieux.

Dans le sens commun, le solfège c’est l’apprentissage de la lecture.

Mais, si vous savez lire un accord et nommer une note sur un clavier, c’est que vous avez fait du solfège, même sans le savoir.

Il n’y a pas de quoi en avoir peur. En revanche on pourrait parler des pédagogies employées et y apporter pas mal de critiques évidemment.

Ce que je vous propose aujourd’hui, c’est une impro piano, pour vraiment jouer sans solfège. Non pas, car le solfège : « c’est nul », ou mal, ou dur, ou traumatisant. 

Non, je vais vous montrer comment le faire pour de bonnes raisons :

La première c’est que c’est possible. Ce n’est pas rien de le dire, car souvent on pense que pour improviser il faut acquérir de nombreuses connaissances. C’est faux.

La deuxième, c’est que l’impro au piano nécessite d’être dans un certain état d’esprit qui est incompatible avec le fait d’être concentré sur la lecture de notes ou d’accords (du moins au début).

Dans mes cours, je propose toujours un peu d’improvisation dès les premières leçons. Je crois même qu’on peut apprendre le piano par l’impro.

Donc, pour trouver cet état, je vais vous inviter à débrancher votre cerveau et à me suivre, sans chercher à comprendre, juste en étant dans l’expérience sensorielle.

Vous pourrez y aller maintenant en cliquant ici, mais restez un peu pour comprendre ce qui sous-tend les choix qui m’ont poussés à tourner cette vidéo ainsi.

Dans la suite de l’article, je vais vous en dire plus sur ma vision de l’apprentissage de l’improvisation.

3 aspects indispensables pour apprendre l’impro au piano

Dans ma vision pédagogique, l’apprentissage de l’improvisation doit s’organiser autour de 3 éléments.

  1. Trouver son chant intérieur
  2. La qualité de la relation oreille/piano
  3. L’enrichissement de chant intérieur

Aujourd’hui je ne vous parlerai que du premier.

Comment on vous propose d’apprendre l’improvisation au piano ?

L’improvisation est malheureusement devenue un processus inhabituel dans l’enseignement de la musique.

La focalisation est tournée, soit vers l’apprentissage d’une partition, soit vers la mémorisation des notes si vous apprenez avec des tuto YouTube ou des applications comme Synthésia.

Du coup, si vous cherchez des ressources pour improviser, que ce soit dans des livres ou sur le Net, vous allez trouver énormément d’information sur les gammes, les accords, l’harmonie…

C’est pareil dans des cours ou ateliers d’impro ou de jazz.

Souvent le prof vous parlera de pentatonique, d’alternance de triades ou de gamme altérée, alors que vous n’êtes qu’au début de votre parcours.

Résultat, vous êtes frustré de ne pas arriver à mettre en pratique ce qu’on vous propose, ça ne sonne pas et vous sortez de la séance dépité.

Ça ne veut pas dire que la théorie ne sert à rien. Elle est utile et même indispensable. Il faut juste l’aborder au bon moment.

Quand on débute, la priorité c’est la pratique, sans se poser de question, simplement jouer et se connecter à ce qu’on a à raconter.

La pratique au cœur de l’enseignement

Ça peut paraître évident, mais ce n’est pourtant pas la réalité. Un cours d’impro sera la plupart du temps basé sur l’application d’éléments théoriques. 

Le souci, c’est qu’apprendre un accord ou un mode n’a rien à voir avec le processus qui permet d’improviser avec facilité et naturel. 

Les profs pensent que ça va venir, ou bien, qu’une personne est douée pour improviser alors qu’une autre l’est moins. L’improvisation serait une capacité presque innée, on est musicien ou on ne l’est pas. 

C’est faux. 

L’improvisation, ça s’entraîne et ça se nourrit. 

La première étape n’est pas d’apprendre un tas de connaissances théoriques, c’est de se lancer et de pratiquer régulièrement, et surtout d’installer un mécanisme sain, qui, progressivement va laisser apparaître votre musique intérieure.

Donc, il suffit de se lancer… Ça vous aide bien de le savoir… Heu, comment on fait ?

Ça serait malhonnête de m’arrêter là

Et bien oui, c’est facile de le dire mais moins facile à mettre en place.

Ça me rappelle l’introduction de l’excellent livre de Jacques Siron : la partition intérieure

Dedans, il montre plusieurs dialogues entre des élèves et des professeurs. Il illustre les archétypes des uns et des autres.

Parmi eux il y a cet échange qui illustre cette manière d’enseigner et les interrogations de l’élève.

L’élève : Maitre, apprends-moi à improviser.

Le prof : mais, fais ton truc (l’élève joue).

Le prof : Yeah man.

L’élève : Mais que faut-il apprendre ?

Le prof : Yeah man, fais ton truc (l’élève joue, hésite, s’arrête)

Le prof : Joue, yeah, joue

À l’opposé des approches que j’ai décrites plus haut, certains enseignent vraiment l’improvisation de cette manière, surtout dans les courants d’impro libre.

John Stevens, qui était un des premiers enseignants d’improvisation libre en Angleterre, dit ceci :

« Quand je vais là-bas (pour enseigner), je ne fais rien. Je leur demande de trouver leurs propres idées […] Quand rien ne vient, bien sur, j’ai quelques trucs […] Par exemple, la semaine dernière j’ai amené une radio que j’ai réglé sur la fin de la bande FM […] Voilà je genre de point de départ qu’on peut prendre »

Cette approche a évidemment des avantages et des inconvénients.

Son atout, c’est qu’elle peut favoriser le processus d’improvisation, c’est-à-dire qu’elle aide à découvrir le bon état intérieur pour improviser. Elle pousse à trouver de nouvelles idées et à ne pas ressasser toujours les mêmes choses.

D’un autre côté », dire vas-y, joue peut être bloquant, c’est le syndrome de la page blanche.

Un autre défaut de cette approche si elle est unique, c’est qu’elle ne rend pas nécessaire le développement de la relation oreille/instrument. Très souvent elle amène vers un langage mélodique et harmonique « contemporain » privilégiant la dissonnance.

D’ailleurs si vous allez écouter un concert d’impro libre, le vocabulaire tonal n’est quasiment pas utilisé. En effet, improviser librement en interaction avec les autres dans une succession d’accords riches et non prévus à l’avance est d’une grande difficulté.

Certains comme Dave Liebman et Richie Beirach, on beaucoup travaillés dans ce sens, avec réussite. On peut retrouver le détail de ce travail dans le le livre A chromatic Approch to Jazz Harmony and Melody 

Se lancer, oui, mais comment ?

J’aimerais partager une anecdote qui illustre bien ma pensée.

J’ai des souvenirs d’apprentissage de la natation, pas toujours très sympa.

Vous vous rappelez de ce moment où on vous met à l’eau sans « avoir pied » alors que vous ne le voulez pas ?

Ça forge le caractère…

Je pense que ça peut convenir à certaines personnes, le problème est qu’on ne le sait qu’après. 

Quand vous êtes sur le plongeoir et qu’on vous dit « et bien, saute ! » :

– soit vous êtes prêt à le faire

– soit vous ne l’êtes pas.

Dans ce dernier cas, vous pousser risque d’être contreproductif. Vous encourager ne sera pas forcément suffisant non plus.

Ce qu’il faudrait, c’est d’abord construire une confiance avec l’eau. Expérimenter avec elle, tester comment on est dedans, sentir profondément la joie de flotter, de nager, d’aller sous l’eau.

C’est la répétition de réussites qui façonne et structure l’envie de continuer. 

En impro, c’est pareil

Il est important de démarrer dans un contexte qui est suffisamment inhabituel pour élargir votre zone de confort, mais aussi assez sécurisant pour que ce soit une expérience qui vous donne envie de la renouveler.

En pratiquant ainsi, vous allez installer le bon mécanisme pour improviser, c’est-à-dire celui qui vous connecte à votre chant intérieur.

 Ensuite vous pourrez explorer les 2 autres éléments :

– la connexion oreille/clavier

– l’enrichissement du vocabulaire

Venez pratiquer avec moi

C’est avec cette idée que j’ai tourné cette vidéo.

Elle est conçue presque comme un cours en direct avec deux pianos.

Je vous guide dans une improvisation, très progressivement, dans une ambiance musicale, calme et paisible.

Je vous invite parfois à juste écouter en gardant une main gauche stable, à ne rien faire de plus, à vous imprégner d’une ambiance et à diriger votre écoute.

Quelques mois de piano suffisent pour s’y lancer, sans solfège ni théorie.

C’est une proposition qui j’espère, nourrira votre envie d’improviser.

Racontez-moi comment a été votre expérience.

Cet article a 3 commentaires

  1. Maëva

    Article super intéressant, j’ai toujours voulu jouer du piano mais le solfège ça ne me branchait pas. Savoir que c’est possible rend la chose bien intéressante ☺️☺️

  2. gaellelavaud

    Super article ! Oui savoir lâcher prise et se faire assez confiance pour essayer, je trouve merveilleux !

  3. Thomas

    J’aime beaucoup ton approche.

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